Un voilier s’égare
Sur mes larmes
Transate en solitaire
Pascal Usseglio
Un voilier s’égare
Sur mes larmes
Transate en solitaire
Pascal Usseglio
Comme une vague apaisante
Fils de douceur s'enroulant
En pelote chantante,
Comme le chant du ruisseau
Au printemps court dans la plaine
Au bord d'un champs, près d'un chêne.
Comme la douce fraîcheur
D'un petit matin d'été
Au soleil juste levé,
Comme une brise
Vient vous cueillir,
Comme un café et un chocolat noir
D'un après-midi trop long, trêve noire,
Comme sur un lit fatigué
Juste un instant se sentir flotter,
Comme le léger frisson
Suit la caresse légère,
Comme les nouvelles semences
Couvrant les vieux champs de bataille,
Comme une poignée d'eau fraîche
Offerte à un visage encore endormi,
Comme lorsque dans un silence
Sur toi je pose mon regard,
Comme l'écho de nos rires
Au sommet neige et d'azur,
Comme lorsque dans un souffle
Un murmure je dis ton prénom.
Pascal Usseglio
10 septembre 2005
Première pluie d'automne
Un parfum de terre
Fleurit sur mon coeur
Pascal Usseglio
16 septembre 2005
Ciel entre deux saisons
Une grenouille rouge
Vole à la rencontre d'un serpent gris bleu
Pascal Usseglio
10 septembre 2005
Derniers matins d'été
Premiers automnes d'amour.
Pascal Usseglio
10 septembre 2005
Entre toutes les fleurs la plus chère à mon cœur
Les vents qui la tannent jamais ne la fannent
Du sablier brisé le sable s'est écoulé
Entre toutes les pierres, au cœur de ma chair
Ses épines cruelles chaque jour encore plus belle
Du temps éparpillé un souffle a tiré une fleur d'éternité
Sur les arbustes par milliers poussent des beautés
Toutes au fil du temps fannent,
Une seule au milieu du désert,
De sable et de lumière n'est pas des fleurs d'hier
Dans un panier d'osier, ou un coffre fermé,
Dans le désert caché, ou chez un bijoutier,
Libre sous une vague, bloqué à une bague,
Sous le feu de midi ou le froid septentrion
Toutes les contraintes la morale les plaintes
Ne sont que du néant vers cette rose des vents
C'est ma main que je tends
Les roses du passé, du printemps et d'après
Une brise étale leurs pétales
Qui sculpte la rose des sables
N'enlèveront plus les épines ensablées.
Pascal Usseglio
Printemps 2000
En hommage au poète, voici un de ses textes
Prophétie
Là
où l'aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois
là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux
là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche
plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l'espace et lève
à rebours la face du temps
là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain
à l'espoir et l'infant à la reine,
d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
d'avoir gémi dans le désert
d'avoir crié vers mes gardiens
d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes
je regarde
la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
de la scène ourle un instant la lave
de sa fragile queue de paon puis se déchirant
la chemise s'ouvre d'un coup la poitrine et
je la regarde en îles britanniques en îlots
en rochers déchiquetés se fondre
peu à peu dans la mer lucide de l'air
où baignent prophétiques
ma gueule
ma révolte
mon nom.
Aimé Césaire