Dire les sens,
Oublier les mots,
Serrer contre son coeur
Un peu d'air, un peu d'âme.

Pascal Usseglio
 
5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 20:46
Si je veux vous dire quelques mots aujourd’hui, ce n’est pas pour vous parler de mon père en tant que tel mais vous parler de mon père en tant qu’homme, en tant que président.
 
Papa était peu connu dans les réseaux sociaux classiques qui tissent les liens entre les hommes et les femmes, il faisait pourtant souvent parti de ces personnes anonymes qui usent de leurs convictions et de leurs chaussures pour exprimer leur colère, leur indignation et porter collectivement leurs idéaux.
 
Par sa rigueur et son sérieux, Papa était une fourmi lorsqu’il s’agissait de contribuer au développement de la société.
 
Papa était une cigale lorsqu’il s’agissait d’exprimer ses sentiments, de nous faire connaître ses états d’âme, de nous transmettre son amour
 
S’il y a bien un endroit où l’homme qu’il était a pu réunir ses deux facettes, c’est au Jardins des Goubelets.
Fourmi il était par l’engagement qu’il a mis au service de ce lotissement, avec d’autres comme Dédé, Christian, Albert et j’en passe.
Cigale il était comme animateur, pom pom girl, chef sioux et amateur de rosé
 
Oui, c’est bien ici qu’il a su trouver c’est équilibre social fragile et si précieux, qu’il a su agir et profiter à la fois.
 
 
Ce lotissement et toute l’animation qui le caractérise aujourd’hui comme chaque année, ont été pour mon père une façon d’embrasser l’humanité toute entière, de participer à la conquête de son idéal avec le plus d’humanisme possible. Par delà son idéal de paix, d’égalité, de justice, d’honnêteté et de progrès social, sans arrogance et sans préjugé, il a su composer avec la diversité des êtres qui ont croisé son chemin ici-même.
 
Ce lotissement a été pour moi le lieu de la camaraderie, des amitiés, des bastons aussi des fois. C’est ici, dans ma jeunesse, que s’est construite une partie de mon identité.
Alors aujourd’hui, quand la roue tourne et que nos jeunes prennent à leur tour les rênes dans l’organisation de cette fête, c’est à elle et à celle qui sommeille encore en chaque adulte, que je veux dire un mot.
 
Ces mots, je les emprunte à Jaurès, grand pourfendeur de l’inégalité sociale, parce qu’il partageait les mêmes idéaux que mon père, la même vision humaniste. À moins que ce ne soit l’inverse…
 
Et puisque tout le monde en ce moment s’arroge le droit de se revendiquer de Jaurès, pourquoi pas moi ?!??
 
 
Voici quelques extraits de son discours à la jeunesse prononcé au lycée d’Albi en 1903 :
 
 
Ce premier extrait pourrait résumer en quelques mots l’humanisme de mon père :
 
« Je demandais à ceux qui m’écoutaient de juger les hommes avec bienveillance, c’est à dire avec équité, d’être attentif dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumières, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Je les priais d’interpréter avec indulgence le tâtonnant effort de l’humanité incertaine. »
 
 
Et enfin parce qu’il nous a fallu et qu’il nous faut encore du courage, et que vous nous en avez transmis, quelques définition du courage par Jaurès dans ce même discours à la jeunesse :
 
« Le courage c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. »
 
« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »
 
« Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. »
 
Jérémie

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